21 févr. 2009

Malaise : décision contre mes valeurs

Je vais le dire tout de suite, j'ai demandé à la direction de mon école d'ajouter mes sites Web dans la liste noire du pare-feu, de bloquer mes sites Web à l'école.

Moi qui lutte concrètement et mentalement contre la censure sur Internet, je suis déchiré de la décision que j'ai faite aujourd'hui. Déchiré est même un faible mot, j'ai trahi mes valeurs et je me déçois. Déception sentie mais ça fait un bout que j'y pensais.

Celui qui sacrifie sa liberté pour sa sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre.


Moi, c'est pas ma liberté que je compromet. C'est celle des autres. Si des gens honnêtes à l'école aimaient suivre mon blogue, je viens de leur couper l'herbe sous les pieds. Et pourquoi j'ai fait cette demande, pourquoi j'ai nourri une censure, cette crasse, que je hais tant?

Je suis surveillant au laboratoire informatique de mon pavillon et disons que je suis dans la ½ du comité qui n'en laisse pas passer. Et quand je «fais chier» (selon leurs dires) les gens qui viennent au labo pour jouer, regarder des vidéos, faire du montage photo pour se moquer de d'autres personnes malheureusement connues sur le Net, etc. en leur demandant de fermer leurs choses, ceux-ci sont pas contents. Alors quoi de plus le fun pour eux que de Googler mon nom? Aller vandaliser ma page utilisateur sur Wikipédia, laisser des commentaires «pipi caca crotte poil» sur mes blogues ou celui du colloque Ensemble Nous Innovons, lire à haute voix mon site Web... Tout ça devient vite intimidant. C'est une dure job de vérifier 4 blogues pour s'assurer que rien d'indésirable n'a été ajouté...

Là j'ai fait ma demande à la direction, à la responsable du comité du labo et au technicien de l'école. S'ils acceptent, je les remercierai. S'ils refusent, je les remercierai aussi. Une chose est sûre, je l'ai sur le coeur.

7 commentaires:

MikeLD a dit...

La vérité est que, pour avoir des locaux d'informatique de ce genre et qu'ils soient ouverts aux travaux scolaires le midi, il faut d'abord que les jeunes aient à s'en servir. Une minorité de travaux demandent du temps passé sur l'ordinateur. Ce temps, la plupart le passent chez eux et le local d'informatique sert surtout de plan B en cas de "panne d'imprimante" ou de "singe hurleur multicolore cracheur de flammes ayant mangé le devoir fait à l'ordi". Côté travaux, ils n'ont donc pas vraiment besoin du local, du moins pas souvent. Côté blogue ou page web personnelle pour usage pédagogique, la majorité des élèves n'en ont pas. Et quand je parle de PPP (page personnelle pédagogique), j'exclus catégoriquement myspace, facebook, skyrock et les autres.

Bref, les élèves n'ont pas grand chose à aller y faire, ce pourquoi la plupart des élèves n'y vont pas où y vont seulement en cas d'urgence.

Le pourcentage d'élèves qui fait quelque chose de pédagogique au local est de moins de 10 %, les autres étant là soit parce qu'ils n'ont rien à faire d'autre de leur midi, soit parce qu'ils veulent regarder des vidéos, écouter de la musique, aller sur des pages personnelles non-pédagogiques ou jouer à des jeux en-ligne.

Mais ça, tu le sais déjà, que le local d'informatique n'a pas vraiment sa raison d'être. Seulement FTR (For The Record). On donne accès à des ordinateurs et à internet à des utilisateurs qui ne souhaitent pas en faire un usage intelligent, ni respecter les règles qui vont avec.

Je trouve cela vraiment enrageant que tu aies à transgresser ainsi tes principes pour une bande de têtes brûlées. J'ai peut-être bien une alternative à te proposer.

Tu pourrais toujours bloquer les adresses IP, non?

Anonyme a dit...

Je suis d'accord avec Mike_LD: les labos d'informatique ne servent plus a grand chose, surtout que maintenant pratiquement tout le monde possède au moins un ordinateur chez-soi.

Pour ce qui est de ta demande de «censure», c'est dommage, mais c'est aussi probablement la meilleure mesure pour faire cesser le vandalisme et l'intimidation, du moins sous cette forme.

Une autre chose qui est dommage c'est le manque de maturité de ces élèves, mais pour ça, il n'y a pas remède miracle, il n'y a que le temps...

Bref, voilà un billet pas très joyeux.

François Guité a dit...

Le problème, à mon avis, est que l'école ne devrait pas imposer à des jeunes de votre âge de faire la police auprès de vos pairs. C'est une tâche ingrate qui mine le développement psychosocial d'adolescents qui ont beaucoup mieux à faire. Ce genre d'autorité devrait être assumé par les adultes de l'école.

Pour chaque abruti qui se retourne contre toi, il y en a au moins dix qui t'apprécient, Félix. Je mettrais même le chiffre à 100, puisque tu es un Wikipédien :-)

MikeLD a dit...

@Vandal: Je crois que, souvent, même le temps n'y parvient pas, malheureusement.

@François: C'est probablement un aspect clé du problème. En effet, lorsque j'allais au local en début d'année, il arrivait parfois que des professeurs viennent s'occuper du local pendant un certain laps de temps (quinze minutes environ), laps de temps durant lequel on voyait les pratiques anti-réglementaires s'arrêter rapidement.

Les jeunes n'ont pas vraiment d'autorité sur les autres jeunes, et ça plusieurs l'ont compris et n'essaient plus de faire valoir les règles. Ou alors ils essaient simplement de se faire des faux-amis pour qu'ils leur disent qu'ils sont "cool". Les adultes, en revanche, sont beaucoup plus apte à porter ce chapeau.

On voyait déjà qu'en secondaire un, les élèves ne se souciaient guère de la présence des surveillants. Je l'ai moi-même été pour la durée d'une année scolaire et je peux affirmer que la plupart des élèves n'ont pas de respect pour les surveillants, parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas vraiment de pouvoir. Quand soudain le professeur d'informatique de secondaire un faisait son entrée, tout de suite plusieurs se calmaient et stoppaient leurs activités. Mais après ce bref instant de paix, on retournait au chaos. Il m'a fallu sortir des élèves qui m'avaient insulté moi ou d'autres élèves, qui étaient allés sur des sites non-pédagogiques ou qui se battaient entre eux.

Ce qu'il faut, c'est probablement, en effet, un adulte. Toutefois, selon-moi, lorsqu'un adulte sera arrivé, on se rendra tout simplement compte qu'après les élèves fautifs forcés hors du local, ils ne restera plus grand monde.

Clément Laberge a dit...

Je partage tout à fait l'opinion de François. Tiens bon!

Unknown a dit...

Je me demande pourquoi aujourd'hui une personne en est rendu à sacrifier ces principes pour se protéger. Où sont les parents de ces jeunes sans scrupules ?

Pourquoi les jeunes ne respectent plus les règles ? Pourquoi que ces maintenant des jeunes qui doivent accomplir la tâche des adultes ?

Tant de questions, mais peu de réponses. Mon père m'a toujours répété les deux mêmes règles:

« Ta liberté se termine où commence la liberté de ton prochain »
« Ne fait pas aux autres ce que tu ne veux pas que l'on te fasse »

À partir de ces deux règles, c'est impossible d'en arriver à faire du mal aux gens qui t'entoure. Je crois que les jeunes qui ne sont pas capable de respecter des règles ne doivent pas connaître ces deux règles de base dans la vie.

Je te souhaite bonne chance Félix et j'espère que tu n'auras plus à sacrifier tes principes. Un jeune comme toi mérite pleinement sa place au soleil.

Anonyme a dit...

Bon courage pour le présent ! Et pour ce qui est de l’avenir et du temps s’écoulant, je suis confiant «qu’il» vous donnera raison.

p.-s. je partage aussi l’opinion de François Guité (cf. ci-haut).